Dépistage de la dénutrition : une mobilisation mondiale

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Face à cet enjeu majeur de santé une mobilisation mondiale est lancée afin de favoriser son dépistage.

Lors du 40e Congrés de la Société Européenne de Nutrition Clinique et Métabolisme (ESPEN), les 4000 spécialistes de la nutrition du monde entier réunis à Madrid lancent un cri d’alerte à l’intention des systèmes de santé et des gouvernements :

 

La dénutrition conditionne le risque de complications et elle peut, dans certains cas, mettre en jeu le pronostic vital.

 
A cette occasion, un consensus mondial sur les éléments à recueillir pour repérer la dénutrition et comprendre ses mécanismes a été rendu public (voir ci-dessous).

Cette alerte est relayée par le Pr Pierre Déchelotte, Président de la SFNCM, qui œuvre en lien étroit avec ses homologues au niveau international.

"La dénutrition reste présente dans tous les pays du monde, même les plus développés, et touche de nombreux malades traités à domicile ou dans les hôpitaux, avec une fréquence et une sévérité particulière dans les maladies chroniques (cancer, maladies inflammatoires, insuffisance respiratoire, cardiaque, hépatique, etc.), en chirurgie et soins intensifs et chez les personnes âgées", rappelle le Pr Déchelotte.

"Un constat hélas bien connu des praticiens investis dans ce domaine, et des patients eux-mêmes. Dans certains services hospitaliers, jusqu’à 50% des patients hospitalisés présentent une dénutrition, avec des conséquences négatives sur l’évolution. Pourtant des solutions existent, simples et peu coûteuses, pour dépister et contrecarrer la dénutrition, qui reste trop souvent méconnue des professionnels de santé", ajoute-t'il.

C’est un combat que le Pr Déchelotte mène depuis plus de 20 ans au CHU de Rouen, un établissement pionnier dans ce domaine.

"Il nous faut maintenant intégrer ces nouveaux critères dans la formation de tous les professionnels de santé ; heureusement, ils sont très proches de ceux déjà préconisés en France et que nous nous efforçons de diffuser par la formation initiale et continue. Il faut surtout convaincre les soignants de prendre les quelques minutes nécessaires pour dépister et agir, et les administrations de promouvoir ces bonnes pratiques avec des moyens adaptés", conclut le Pr Déchelotte.

C’est dans cet esprit que la SFNCM agit et soutient la formation continue et la recherche en nutrition. Elle met aussi des informations à la disposition de tous sur son site grand public, afin que chaque patient soit acteur de sa santé nutritionnelle, un atout essentiel dans son combat contre la maladie.

 


Des éléments simples pour agir avant qu’il ne soit trop tard

La dénutrition est souvent progressive, et lorsqu’elle devient évidente, il est parfois déjà trop tard pour intervenir. Jusqu’ici, les outils de dépistage et critères de diagnostic différaient un peu selon les pays et étaient parfois considérés comme compliqués à mettre en oeuvre par les non-spécialistes.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui grâce à l’initiative de 4 sociétés savantes internationales qui ont constitué un groupe d’experts (le GLIM), aboutissant à un consensus sur des critères communs à tous les pays du monde et accessibles pour tous les professionnels de santé.

Cinq critères ont été retenus pour diagnostiquer et comprendre la dénutrition chez un patient :

  • la perte de poids involontaire (avec des seuils de gravité -5%, -10%...)
  • la diminution de l’indice de masse corporelle (poids/taille²), en fonction de l’âge
  • la diminution de la masse musculaire
  • la réduction des apports alimentaires par rapport à l’habitude
  • le niveau d’inflammation ou le type de maladie

Il suffit de quelques minutes pour interroger le patient ou son entourage, le peser et observer son état clinique. Le diagnostic reste possible mais si certains éléments font défaut.


 

Les 4 sociétés savantes internationales à l’initiative du GLiM :

- L’ESPEN : www.espen.org

- L’ASPEN : www.nutritioncare.org

- La FELANPE : felanpeweb.org

- La PENSA : www.pensa-online.org