Compléments nutritionnels oraux

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Quand, comment et pourquoi utiliser les compléments nutritionnels oraux ?

Dr David SEGUYPr Alain Pradignac, CHU de Strasbourg




Les compléments nutritionnels oraux (CNO) sont des produits prêt-à-l’emploi avec le statut d’aliments diététiques destinés à des fins médicales spéciales. Ils présentent l’avantage de fournir, dans un faible volume, un apport calorique et protéique important.

Le marché des CNO disponibles en ville et à l’hôpital propose différents produits, de consistances et de goûts variés, qui peuvent être hypercaloriques et normoprotidiques, hypercaloriques et hyperprotidiques, enrichis en fibres, en acides gras polyinsaturés de la série n-3, en ARN (acide ribonucléique) ou en arginine.

Ils sont indiqués pour des patients dont le tube digestif est fonctionnel, mais dont les apports oraux sont insuffisants (≥ 2/3 de leurs besoins caloriques calculés). La différence entre les besoins et les ingesta résiduels ne doit pas dépasser 600 kcal/j.
Si ce seuil est dépassé, ce ne sont plus les CNO qui sont indiqués (sauf cas exceptionnel), mais une nutrition artificielle, notamment une nutrition entérale. Six cent kcal peuvent être amenées par la prise de deux CNO.
Les compléments nutritionnels oraux peuvent être prescrits en prévention d’une dénutrition, mais ne sont pris en charge par l’Assurance Maladie qu’en cas de dénutrition avérée, comme le précise l’arrêté du 2 décembre 2009, paru au Journal Officiel, rappelant les critères de dénutrition pris en compte
Il est cependant possible de prescrire des CNO à des patients qui ne sont pas dénutris,
à l’hôpital ou en ambulatoire, dans certaines conditions très particulières. L’arrêté du 5 octobre 2006, préconise la prescription de 3 Oral Impact® par jour, chez tous les patients (dénutris ou pas) qui vont subir une chirurgie carcinologique digestive majeure.

La prescription des CNO doit rester raisonnable et cohérente avec les capacités de prises alimentaires des patients. La pratique montre que la large majorité des personnes à qui l’on prescrit des CNO arrive à en absorber 1 à 2 par jour, rarement au-delà. La prescription et l’administration des CNO doivent être rigoureuses. Ils ne sont efficaces que s’ils sont pris. Or, pour être pris, ils doivent être bien prescrits et bien distribués. La délivrance est en effet tout aussi importante que la prescription. Afin de favoriser cette efficacité, il est important de respecter les horaires de distribution (entre 90 et 120 min après un repas, ou 2 heures avant le repas de midi), de servir les CNO frais et de veiller à ce qu’ils soient consommés frais. Pour une meilleure distribution, il est recommandé d’utiliser l’organisation des soins ou de la restauration existant dans l’établissement hospitalier (par exemple : distribuer les CNO au moment de la tournée des températures).

Le suivi de la consommation est également indispensable : si le CNO n’est pas consommé, il faut en comprendre les raisons (lassitude, consistance mal adapté…).
A l’inverse, le CNO ne doit pas se transformer en substitut de repas mais doit seulement venir compléter les ingesta. Enfin, l’adhésion du patient, de son entourage et de l’équipe soignante, par une information claire et pédagogique, est essentielle pour améliorer la prise des CNO et donc leur efficacité clinique