Magazine hospitalier - automne 2008
Nutrition, par Joelle Pressnitzer
LA NUTRITION DES SÉNIORS PREND UN COUP DE JEUNE
L'hôpital Joffre-Dupuytren a été précurseur en matière de nutrition des personnes âgées en créant, en 1996, le Ier CLAN gériatrique AP-HP. Depuis septembre 2007, une Unité Transversale de Nutrition (UTN) a été mise en place.
« Dans les hôpitaux gériatriques, entre 40% et 70% des entrants présentent des problèmes nulritionnels masqués derrière une pathologie aigüe », indique le Dr Derycke. Cette nutritionniste n'a pas manqué d'appétit pour amener l'hôpital Joffre-Dupuytren à la pointe de la lutte contre la dénutrition. Car si aujourd'hui, avec le Plan National Nutrition et Santé, ce combat semble aller de soi, cela n'a pas toujours été le cas.
En effet, alors que la première circulaire sur les CLAN date de 2002, le Dr Derycke avait décide d'agir dès 1996 Diplôme en main, elle constate que « beaucoup de patients âgés venant des hôpitaux de Paris arrivaient dénutris ». Parallèlement, elle remarque que les suppléments nutritionnels n'étaient pas consommés par les patients ou se substituaient à leur repas. Suite à l'expérimentation des diététiciennes et de la communauté médicale, le Dr Derycke propose d'enrichir l'alimentation par régime hyperprotidique à base de poudre de lait mais aussi de yaourts ! Un régime primé en 1997 par le CERIN. Entre 1996 et 1998, le CLAN a établit les protocoles sur la nutrition des personnes âgées. Ils serviront de base pour la formation des personnels par le biais de l'unité mobile de nutrition.
Un véritable commando anti-dénutrition
L'Unité Transversale de Nutrition (UTN) est née officiellement le 1er mars 2008. Elle répond pour le Dr Derycke à « la volonté de considérer la nutrition comme un élément essentiel du traitement des patients ». Visant à promouvoir une offre nutritionnelle adaptée, elle met l'accent sur le dépistage de la dénutrition chez les personnes âgées. L'UTN est une structure de nutrition clinique transversale et pluridisciplinaire qui se veut complémentaire des actions du CLAN. Il existe déjà en France une dizaine d'unités. Le pro|et de l'Unité Joffre-Dupuytren a été retenu en 2006, suite à l'appel du CEDIT, et bénéficie aujourd'hui d'un budget annuel de 210.000 euros. Le déploiement du logiciel de gestion du dossier patient, a l'hôpital Joffre-Dupuytren, permettra au soignant d'alerter directement un médecin ou I' UTN, ce qui pour le Dr Derycke « renforcera encore plus la réactivité ».
Pour améliorer son efficacité, l'UTN souhaite développer la formation « nutrition » jusqu'à l'équipe hôtelière. Les menus sont adaptés aux besoins des patients hospitalisés. Pour les patients dénutris (46 et 49% des hospitalisés), l'enrichissement devrait, dans le futur, relever d'une alimentation spécifique « hyperprotidique ». ll existe déjà dans le commerce des produits qui pourraient faciliter l'apport alimentaire pour les personnes avec des problèmes buccodentaires ou des troubles de déglutition. Toutes ces actions menées par l'UTN Joffre-Dupuytren seront évaluées annuellement sur une période expérimentale de 3 ans. Au vu des résultats, ces unités devraient se multiplier dans les hôpitaux. La lutte contre la dénutrition est de longue haleine. Ces équipes, au plus près des patients, pourraient s'avérer judicieuses.